« J'ai besoin de cette alternance entre deux lumières, d'une bouffée d'air frais en somme. En acceptant de s'ouvrir à ce qui est différent, en se laissant surprendre, on gagne quelque chose à chaque voyage. C'est l'occasion renouvelée de faire mon analyse intérieure, de retrouver autrement cette Provence qui m'est si chère. La Norvège, pays de contrastes, fut, à ce titre, une véritable révélation. J'y ai rencontré le gris qui m'était familier mais que je n'imaginais pas si transparent, si soluble.

Cette découverte m'a conduit automatiquement à travailler des couleurs bien définies. Les gris froids et lumineux de ce pays n'ont cessé depuis d'habiter ma vision. Ils sont venus influer sur les bleus de ma peinture. Aujourd'hui, je cours après des couleurs pures ».

Les carnets de voyage sont la face cachée de cette aventure personnelle. Il constituent un trésor, un recueil de dessins, croquis, pastels et surtout des aquarelles qui immortalisent, chacun à leur façon, un souvenir.

« Je les fais, je les enregistre, sans décider de ce qui est bon ou de ce qui est mauvais, leur fonction principale étant d'alimenter une mémoire éventuelle. C'est le seul moyen de savoir si l'on a retenu ce que l'on a vu. Je les abandonne ensuite dans ces tiroirs où ils vont dormir plusieurs mois, parfois plusieurs années.

Certains resurgissent au hasard d'une recherche ou d'un classement. Ils pourront être le point de départ d'une toile ou d'une aquarelle   très poussée. »